Mauvais moment, mauvais endroit [Hanna]

Quelle horrible journée se profilait encore hein ? Pourquoi cela serrait fatalement une mauvaise journée ? Parce que quand, à midi pétante, le coréen d’origine ouvrit les yeux, un mal de tête lui donna un tournis effroyable. La prise de tête s’annonçait coriace avec son père encore. Déjà en bas, l’homme criait à s’en couper les cordes vocales pour x raison… Mais quand il entendit le nom de son frère, tout devint plus clair. Il se leva doucement, envoya sur le carreau sa femme de ménage quand elle lui demanda s’il avait besoin de quoique ce soit et se retrouva à descendre doucement les marches de l’escalier de la maison familiale. Si il était chez eux, ce n’était simplement que parce que son frère Tae Min le lui avait demandé. Il croisa tout en descendant le regard froid de son paternel. Celui-ci disparut lentement en pestant à propos de son plus grand fils, Jung Min, et les marques sur son visage. « Un voyou… » fut le seul mot qu’il réussit à distinguer avec « cicatrices ». Tendres paroles de parents, réchauffe le cœur d’un enfant à son réveil : n’était-ce pas le cas !? Mince ! Pourquoi devaient-ils être comme ça ? Le garçon alla doucement s’asseoir dans un fauteuil et il adressa une phrase à son jeune frère.

Jung Min – « Quelle était la raison cette fois ? »
Tae Min – « Il dit que je suis ton chemin et que je fais le rebelle… »
Jung Min – « Mes cicatrices hein ? Oh quel tendre père, si inquiet de mes blessures ! Ca m’en transporte de joie et d’amour… »

Les paroles de Jung Min étaient froides et ironiques mais il envoya son seul sourire sincère à son jeune frère. Il se passa le dos de la main à son éraflure sous l’œil. La veille, il s’était battu encore une fois mais cette fois, c’était honorable. On avait insulté son protégé Tae Min. Pire, on l’avait prit pour un idiot ! Le seul garçon qui lui accordait le fait qu’il avait un bon côté se faisait mépriser : de quoi le rendre fou. Les coups étaient partis et à cette heure-ci, si lui s’était réveillé dans de beaux draps blanc et dans son luxe habituel, les hommes devaient se satisfaire de l’hôpital ou d’une infirmerie !

Un soupire passa ses lèvres alors qu’il se levait. Le garçon lança un « je reste pas ici aujourd’hui alors je vais m’habiller » à son semblable et monta se laver et s’habiller. Même pas vingt minutes après ça, il avait fini de se doucher et était habillé. Il resta un instant devant le miroir de sa salle de bain à regardé son égratignure et ses cheveux ondulés de couleur chocolat. La mauvaise humeur était max, c’est vrai qu’il ressemblait à un voyou… Un haussement des épaules, la main sur son portefeuille et un dernier salut au benjamin de la fratrie, ‘Min était dehors. Ce qu’il prévoyait de faire ? Flâner au par cet faire un tour dans le coin de celui-ci. Il mit des lunettes sur son nez et marcha dans le coin en essayant simplement de se vider le crâne qui enflait, façon de parler, sous la température du mal de tête. Les sourcils froncés, il arriva à destination où il semblait y avoir la plus grande des animations…

Jung Min – « C’est pas vrai, jamais tranquille… »

Souffla-t-il, bien amèrement, entre ses dents. Néanmoins il avança là-bas, acheta une canette et se l’ouvrit d’un coup avant de reprendre le chemin vers le lac. Là-bas au moins, il aurait la tranquillité recherché… Du moins il avait cru, à peine s’était-il posé près du bord à même le sol, canette aux lèvres, quelqu’un n’ayant apparemment que trop mal évalué où il était, le percuta certes légèrement mais c’en fut assez pour le faire bouger de la tête. Forcément, le contenu de sa canette tomba sur son haut blanc un peu et il manqua de boire de travers. Jung Min mordit sa lèvre pour ne pas de suite exploser. Autant être sadique et faire durer le plaisir avec sa victime en lui demandant « As-tu l’idée du prix de ce haut ? Pas un zéro après le premier chiffre, ni deux mais plus… ». Un riche avec des vêtements riches bien évidemment ! Mais quand il se leva le regard froid et un sourire en coin témoignant d’un sadisme, c’est elle qu’il vit alors qu’il commençait à parler.

Jung Min – « As-tu seulement une idée de ce que- Toi !? Pas vrai… »

Il étouffa un faux rire exaspéré. La démone en personne alias Beth Hanna sous ses yeux, mince.

Jung Min – « Beth… Au moins comme c’est toi, je n’aurai pas à expliquer l’erreur que tu viens de commettre… »

Il fit un faux sourire avant de la regarder dédaigneusement du regard… Ca allait commencer ! Il avait mal à la tête, les nerfs encore chauffé par sa dernière bagarre, il pouvait pas être tranquille et avait supporté son père et maintenant… ? Hanna Beth ! Excellente journée, excellente. Il passa nerveusement sa langue sous ses dents de sagesse témoignant son énervement alors qu’il regardait déjà ailleurs.

Jung Min – « Dis-moi, tu comptes faire quoi pour ça ? »

Hanna – Et merde.

Telles étaient habituellement les premières pensées d'Hanna au moment où son réveil sonnait et qu'elle n'avait d'autre choix que de se lever. Certes aujourd'hui, c'était différent. En quoi ? Et bien tout d'abord il s'agissait de son premier réveil dans son propre appartement. Elle avait enfin quitté la résidence familiale, et rien que de songer à cela, un sourire en coin se dessinait sur son visage. En cet instant précis, elle se sentait presque... heureuse. Oui après tout, Seoul, ce n'est pas SI affreux, sans mère, sans beau-père, et sans autres parasites. Ce fut donc sur cette pensée plutôt gaie qu'elle éteint son réveil d'une violente tape et se leva d'un bond.

Programme de la journée ? Mmh, à réfléchir. Hanna n'avait personne à qui rendre visite, évidemment. Elle était comme une étrangère, seule, en ce moment plus que jamais. Cependant cette idée ne la dérangeait pas... bien au contraire. Elle se surprit à sourire seule de nouveau - décidément, quelle forme olympique ce matin !

Hanna – Aller ma grande, direction : la salle de bains, une douche, en tenue, et c'est parti pour le lac... un peu de sport ne fera pas de mal.

Une fois le mini-programme accompli, un short troué et un petit débardeur enfilés négligemment sur son bikini, Hanna attacha vite fait ses cheveux, pris une serviette de plage sur son épaule, et partit en claquant la porte. Le lac n'était pas très loin à pied, mais la jeune fille accélérait néanmoins le pas. Il lui tardait de plonger, de faire quelques brasses et de nager jusqu'à n'en plus pouvoir.. puis s'effondrer au bord sur sa serviette, et se faire sécher au soleil. Quel programme plus que réjouissant !

Tout en se délectant de ses prévisions, Hanna sourit encore en apercevant le lac. Aaaah, enfin seule, tranquille, inconnue. Elle n'était personne et vivait pour elle, c'était simplement parfait. La distance qui la séparait de l'eau s'écourtait. Le sol était en pente, ce qui la fit accélerer légèrement... et bim, petite collision. Rien de bien grave, évidemment, mais ce contact suffit à l'agacer. Et dire qu'en balayant vite fait (très vite fait) les lieux du regard, elle n'avait vu personne. Oula, la victime en question avait l'air en colère... Ben voyons, non seulement elle était au milieu et retardait le moment de la baignade, mais en plus elle comptait se plaindre ? Il manquerait plus que...

Jung Min – As-tu seulement une idée de ce que- Toi !? Pas vrai…

Parfait, formidable, génialissime. Oh mon dieu, ça allait recommencer, c'était certain. La journée était si bien partie, pourquoi ? Qu'est-ce qu'il faisait là, LUI ? Les pensées d'Hanna traversèrent son esprit aussi vite que l'énervement et l'excitation montèrent en elle. Comme à chaque rencontre avec Jung Min, le sang battait plus vite dans ses veines, et elle était presque... prête à l'attaque. Ou à la défense. Enfin, probablement les deux...
Avant qu'il ne parle, elle avait aperçu son sourire sadique et son regard méprisant lorsqu'il ne savait pas encore qui était la "coupable". Cela aurait pu presque la faire sourire, lorsqu'il enchaîna, conservant son regard si dédaigneux :

Jung Min – Beth… Au moins comme c’est toi, je n’aurai pas à expliquer l’erreur que tu viens de commettre…

Elle grinça des dents. "Beth" ... ouais, bien sûr, il n'allait pas l'appeler Hanna. Elle essayait de cacher son agacement, et afficha un sourire d'excuse parfaitement ironique au jeune homme, espérant que cela ferait son petit effet.

Jung Min – Dis-moi, tu comptes faire quoi pour ça ?

Elle faillit s'étrangler à cette question. Sous le coup de l'énervement et aussi de la surprise de le voir ici, elle était restée muette jusqu'à présent... mais ça n'allait plus durer. De son ton le plus hautain, elle répondit :

Hanna – "Pour ça" quoi ? Ton haut tu veux dire ? Laisse-moi rire, tu peux très bien t'en racheter une douzaine de la sorte.

Son rival regardait déjà ailleurs, ce qui eu le don de l'exaspérer d'autant plus. Mais il ne fallait pas qu'elle explose, pas maintenant. De plus elle n'en avait aucune raison, si ce n'est la détestable personne qui se tenait devant elle, et qui venait de lui gacher absolument toute sa journée. Bon sang mais qu'est-ce qu'il foutait là lui aussi. Elle ne pu s'empêcher de grommeler un "Fais chier !" plus ou moins audible, tout en continuant à le fixer. Hanna s'aperçut d'un détail anormal, quelque chose clochait : il n'avait pas l'air comme d'habitude. Son oeil, ses cheveux en bataille... il s'était battu, et ressemblait à un caïd. Avec la mine d'agacement qu'il affichait en ce moment même, il aurait pu effrayer quelqu'un d'autre qu'Hanna.

*tss, se battre, c'est bien lui ça. A coup sûr il s'est encore énervé pour rien... enfin moi, je m'en fous hein. Je me demande si un jour on en arrivera aux mains nous deux, haha*

Cette pensée l'amusa plus qu'autre chose, et cela transparut sur son visage.

Pendant un cours instant, il crut vraiment que pour une fois, la partie se jouerait tranquillement, sans qu'aucun des deux n'aient à hausser le ton et qu'il obtienne ce qu'il voulait sans efforts qu'il qualifiait d'hautement inutiles. Autant s'éviter une perte de temps, non ? Mais on parlait d'une rencontre avec Hanna Beth, la jeune entêtée qui lui tenait tête et ne se dispensait pas d'être aussi tenace que lui. Donc croire qu'elle ne dirait rien gentiment serait aussi insensé que de dire que la journée de l'asiatique était bonne et basée sous le signe de la chance. Juste une seule chose pouvait incliner sous un bon sens son humeur : le fait de se demander ce qu'il se passerait encore cette fois. Enfin pour l'instant, tout dépendait de la réaction de la brune et aussi du comment il comptait faire de sa tâche un élément parfait justifiant une dispute. Oui, autant l'admettre, quand bien même une chose ne représentait rien si elle pouvait justifier son envie de jeter des mots à la figure de quelqu'un ou même de lui donner quelques coups...

Hanna – « « Pour ça » quoi ? Ton haut tu veux dire ? Laisse-moi rire, tu peux très bien t'en racheter une douzaine de la sorte. »

Il retint un autre sourire : ça n'était pas faux, décidément, le fait que Hanna en sache à son sujet la rendait que plus difficile à mettre dans des situations embarrassantes. Bien d’autres personnes auraient plié rien qu’à son air et pour rembourser, ceux-ci auraient dû faire les larbins du nanti. Mais dans tout ça, cela n'enlevait pas le dérangement occasionné. Puis Jung Min avait décidé que c'était grave : alors ça l'était. Son regard se posa de nouveau sur elle quand il entendit le fameux « Fais chier ! ». Ignorons, ignorons, ignorons… Il n’y aurait aucun intérêt à s’énerver maintenant quand bien même il avait envie de lui sortir avec venin « Je suis tout à fait d’accord pour une fois-… » mais il arrêta ses pensées là, dans le doute qu’elles ne devancent sa parole.

Jung Min – « Aaah… Beth, tu me déçois ! Ne connais-tu pas la valeur sentimentale des choses ? Je suis déçu… Mais trêve de plaisanteries et ironies. »

Sa voix qui jusque là marquait avec insistance la douce hypocrisie et la fausse désolation s’arrêta net à la dernière phrase qu’il prononça, laissant un ton sec et plus rapide prendre possession de ses mots. Il n’était pas ici pour rire à la base, mais pour être seul et au calme juste une fois depuis hier. Et bien-sûr, il fallait que cette fille soit là aussi comme si il n’avait pas eu son quota de querelles plein ces derniers temps.

Jung Min – « On dirait qu’on ait de mauvaise humeur, hum ? Ca tombe très bien, moi aussi. Alors on va s’épargner des peines inutiles qui nous feraient perdre notre précieux temps à chacun. Je pense que tu seras d’accord. »

Le coréen parlait beaucoup, quoi de plus casse-pied que déblatérer des masses sans venir au but ? L’endurance des nerfs, il en savait quelque chose et depuis petit il savait comment en venir à bout… Comme tous les enfants à la différence près que demander un jouet n’était pas les seuls intérêts du petit à l’époque. M’enfin, à plus tard les bons souvenirs de la « tendre » enfance ! Mais au fait, que pensez-vous ? Eux deux d’accord sur le fait de s’épargner une perte de temps, c’était tout à fait plausible mais si tout continuait sur un accord commun, ne serait-ce pas bizarre ? Il ôta de nouveau son regard de la brune et pivota légèrement, pour regarder ailleurs, se donnant l’air de réfléchir alors que tout était clair déjà dans sa tête.

Jung Min – « Tu vois, on est très différents… Et tu sais quoi ? Je vais te le prouver maintenant en te faisant part de ma gentillesse. Je ne vais rien te demander Beth, comme tu l’as dit : je peux en racheter. Tout ce que je veux, ce sont de simples excuses pour avoir un peu plus ruiné ma journée. »

Hum… Ce n’était nullement la bonne façon de le demander : ne croyez pas qu’il ne le savait pas pour autant ! Il le faisait pertinemment exprès. Son égoïsme dépassait l’entendement car encore une fois il ne pensait qu’à lui. Ce que pensait Hanna de sa rencontre, il le savait et s’en fichait : s’il pouvait l’énerver un peu plus encore en se réservant le droit de lui demander des excuses ! Des excuses… C’était demander en fait le plus à quelqu’un de fier qui a tant d’argent. Allons, combien de fois le fils Shim avait préféré signer un chèque quand il causait un souci plutôt que de s’excuser correctement en laissant de côté sa fierté ? Le nombre est sûrement trop important, alors vous simplifierai-je la tâche : jamais n’avait-il dit « pardon ». Et personne n’avait jamais bronché ! A la vue du chèque, des billets, ou de quelques avantages et privilèges, les personnes en question étaient même à deux doigts de lui coller comme s’ils étaient amis depuis la petite enfance. Faire de lui son éloge presque aussi… Choses futiles… C’est aussi une des choses qui portait un intérêt chez la fille des Beths : elle ne pouvait pas se laisser aveugler par ce genre de choses avec lui. ‘Min laissa paraître un sourire faussement angélique sur ses lèvres se demandant ce qu’elle allait faire.